cancer du sein et sécheresse vaginale Docteur Demangeon

Prenons un moment pour parler du versant gynécologique de cet inconfort souvent passé sous silence.

Cancer du Sein, Ménopause et Sécheresse Vaginale :

La sécheresse des muqueuses peut survenir brutalement chez les patientes atteintes d’un cancer du sein alors qu’elles ne sont pas encore ménopausées. L’annonce de la maladie provoque un choc émotionnel et le traitement du cancer peut entraîner une ménopause prématurée abrupte alors que cette transition s’accomplit habituellement en plusieurs mois.

La carence en oestrogènes, naturelle ou induite, favorise une atrophie et une perte d’élasticité des tissus de la sphère urogénitale, la flore se raréfie entraînant une perte de lubrification.

Les anti hormones, administrées pendant plusieurs années, pour prévenir la récidive des cancers du sein, cherchent à supprimer le plus possible l’action des oestrogènes résiduels qui sont synthétisés à partir des graisses même quand les ovaires sont au repos.

 

Retentissement de cette sécheresse intime sur la qualité de vie :

Il peut s’agir de douleurs dès que l’on croise les jambes, lors d’activités sportives telles que la marche, le vélo ou encore l’équitation qui deviennent alors impossibles. Le risque de mycose et de problèmes urinaires est accru du fait de la raréfaction de la flore physiologique.

Le plaisir sexuel en pâtit aussi. L’espace entre les cellules nerveuses est rempli par des substances telles que l’acide hyaluronique. Si ces dernières s’atrophient, des troubles de l’orgasme voire même des douleurs (dyspareunies) peuvent apparaître.

 

Les solutions actuellement disponibles en France :

Les oestrogènes stimulant l’activité des cellules hormonosensibles, y compris tumorales, sont de ce fait, la plupart du temps contre indiqués si vous avez présenté un cancer du sein. La mise au repos hormonal est un résultat recherché par le traitement contre ce cancer car il est associé à un meilleur taux de survie. Mais des techniques non hormonales, efficaces et sûres existent.

Pour améliorer la souplesse et l’hydratation intime

il est possible d’utiliser certaines huiles inertes telle que l’huile de coco vierge, qui peut être appliquée quotidiennement à la fin de la douche par exemple.

Tant que cela est nécessaire, l’utilisation d’un lubrifiant est important afin de rendre les rapports sexuels agréables et d’entretenir le désir. Les relations sexuelles stimulent la production d’autres hormones dans le cerveau qui procurent, entre autres, un meilleur sommeil et diminuent les risques de dépression. L’utilisation de topiques est donc intéressante mais transitoire. Elle n’apporte qu’un confort superficiel, n’agissant pas sur l’atrophie de la muqueuse et doit donc être fréquemment répétée, ce qui est peu acceptable sur le long terme.

Des injections à base d’acide hyaluronique faiblement réticulé peuvent être réalisées au niveau vulvo-vaginal, sous anesthésie topique (crème anesthésiante) ou locale . Cette molécule naturellement présente dans notre corps, capable de capter 1000 fois son poids en eau et utilisée pour la régénération de la peau et le comblement des rides, s’est avérée très efficace pour atténuer la sécheresse vaginale. La procédure est simple et rapide. Le plein effet est évalué au bout de 15j et une deuxième injection peut être proposée au bout d’un mois en cas de sécheresse sévère. Le résultât est durable et l’entretien se fera à la demande ( généralement 1 fois par an).

● La réjuvénation intime durable : LASER, Ondes de choc, Radiofréquence

Le Laser endovaginal

L’action thermique du laser va avoir un effet de stimulation des tissus, entraînant une restauration des vaisseaux, fibroblastes et fibres de collagène. L’épithélium vaginal est régénéré, le pH se normalise et la flore est rééquilibrée. La muqueuse va être significativement épaissie et renforcée.

En pratique la procédure réalisée en cabinet médical, dure une vingtaine de minute, ne nécessite pas d’anesthésie et les suites sont simples, permettant une reprise d’activité normale au décours.

Elle devra être renouvelée 2 ou 3 fois selon les cas à 1 mois d’intervalle. L’amélioration des symptômes est progressive sur plusieurs mois.

◦ Les ondes de choc focales

Cette procédure par voie externe simple et indolore consiste à transmettre des ondes dans les organes pelviens. Les ondes vont activer des mécanismes de regeneration dans la zone traitée notamment en enrichissant le réseau vasculaire permettant une bonne nutrition des tissus.

Il s’agit également d’une procédure simple indolore et sans effet indésirable. Il est recommandé d’effectuer 6 séances sur 3 semaines.

◦ La radiofréquence endovaginale

La radiofréquence utilise les ondes électromagnétiques qui produisent de la chaleur dans les tissus sous-cutanés. En gynécologie, par sonde endovaginale ou vulvaire , elle stimule le remodelage du collagène, épaissit les parois du canal vaginal et favorise la récupération fonctionnelle des tissus vaginaux.

Ces techniques médicales, par leurs actions spécifique mais complémentaires, contribuent toutes à régénérer une muqueuse gynécologique saine, afin d’améliorer la qualité de vie des femmes souffrant de sécheresse intime.

Chaque cas est unique et le plan de traitement sera adapté selon vos besoins par votre médecin.

Un cancer du sein, affecte la santé mais également la féminité. La vie professionnelle, familiale, conjugale et sociale est également impactée. Aborder le sujet de la sécheresse vaginale peut paraître alors secondaire. C’est pourquoi il est important d’informer les femmes qu’elles peuvent y remédier. Plus on agit vite, plus on obtient de bons résultats.

Il faut fermer la porte au cancer, pas à votre féminité.

Dr Nathalie Demangeon, médecine générale et médecine morphologique et anti age

Sanguinet, France

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